Une équipe de chercheurs du laboratoire Archéologie des Sociétés Méditerranéennes UMR5140 (Université Paul Valéry Montpellier 3, CNRS, Ministère de la Culture) et du laboratoire Morphodynamique Continentale et Côtière UMR6143 (Université de Caen, Université de Rouen, CNRS) a publié dans la revue Catena une étude financée par le LABEX ARCHIMEDE (ANR-11-LABX-0032-01) mettant en évidence plusieurs périodes d’augmentation de la fréquence des crues dans la plaine côtière du Languedoc au cours des deux derniers millénaires reliées à une hausse des températures de l’air et de la surface de la mer en Méditerranée nord-occidentale. La poursuite du réchauffement climatique dans les prochaines décennies pourrait accentuer le risque d’inondation le long des côtes méditerranéennes françaises.

 

Les inondations fluviales déclenchées par les fortes pluies des épisodes méditerranéens représentent un aléas naturel majeur qui engendrent fréquemment des pertes humaines et des dommages matériels dans le sud-est de la France. Un enregistrement de plus de 2000 ans de l’activité fluviale dans le bassin versant de l’Hérault a été établi à partir de l’utilisation des données de susceptibilité magnétique mesurées sur des sédiments déposés dans la lagune du Bagnas au sud de l’étang de Thau. Ces archives sédimentaires sont complétées par des données issues de sources documentaires répertoriant les crues historiques survenues au cours des trois derniers siècles dans six bassins versants du Languedoc (Orb, Hérault, Lez, Mosson, Vidourle, Vistre).

L’activité fluviale a été particulièrement importante entre 800 et 1350 ap. J.-C., c’est-à-dire durant le réchauffement climatique associé à l’Optimum Climatique Médiéval. Plusieurs périodes d’intense activité fluviale ont aussi été enregistrées aux 2ème, 6ème-7ème, 16ème, 18ème siècles de notre ère, ainsi que depuis le début du 20ème siècle. La hausse de la fréquence des crues est significativement corrélée à une augmentation de la température de l’air en Méditerranée occidentale et à une augmentation de la température de la surface de la mer dans le Golfe du Lion. L’analyse statistique des relations entre la fréquence des inondations fluviales et les conditions atmosphériques révèle que les crues d’automne en Languedoc ont été généralement plus fréquentes durant la phase positive de l’East Atlantic Pattern, laquelle est associée à des vents de secteur sud à sud-est dans le Golfe du Lion.

Par ailleurs, les périodes de forte activité fluviale pourraient avoir été influencées par l’accroissement des activités humaines et de la déforestation à partir de 500 ap. J.-C. Entre 1400 et 1800 ap. J.-C., les données paléobotaniques montrent une intensification de l’anthropisation des milieux naturels caractérisée par une expansion des surfaces herbacées et des aires cultivées dans les basses terres côtières à l’est du fleuve de l’Hérault. La déforestation et le développement de l’agriculture semblent avoir abouti à une relative amplification des flux sédimentaires transportés par les fleuves côtiers, particulièrement durant le Moyen Âge tardif et le début de l’ère moderne.

Vigne inondée par une crue dans la plaine du Languedoc. © J.-P. Degeai

Vigne inondée par une crue dans la plaine du Languedoc. © J.-P. Degeai.

 

Référence

River flooding on the French Mediterranean coast and its relation to climate and land use change over the past two millennia. Jean-Philippe Degeai, Philippe Blanchemanche, Léa Tavenne, Margaux Tillier, Hervé Bohbot, Benoît Devillers, Laurent Dezileau, 2022. Catena 219, 106623.

https://doi.org/10.1016/j.catena.2022.106623

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Jean-Philippe Degeai, Archéologie des Sociétés Méditerranéennes UMR5140, Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.