Earliest African evidence of carcass processing and consumption in cave at 700 ka, Casablanca, Morocco

Scientific Reports, 2020

ABSTRACT

To date, in Africa, evidence for animal processing and consumption in caves routinely used as living spaces is only documented in the late Middle Pleistocene of the North and South of the continent and postdates the Middle Pleistocene in East Africa. Here we report the earliest evidence in a North-African cave (Grotte des Rhinocéros at Casablanca, Morocco) of cut, percussion and human gnawing marks on faunal remains directly associated with lithic knapping activities in the same space and in a well-documented stratified context. Ages for this Acheulean site are provided by the dating of herbivorous teeth to 690-720 ka and 520-550 ka (lower and upper sets) by combined Electron Spin Resonance (ESR) and U-series techniques. Traces of butchery on gazelle, alcelaphin, and zebra bones demonstrate that hominins had primary access to herbivore carcasses. Hominins brought and consumed meat in the cave, as documented by herbivore bones bearing human tooth marks concentrated in a circumscribed area of the excavation. In Africa, this site provides the earliest evidence for in situ carcass processing and meat-eating in cave, directly associated with lithic production and demonstrates the recurrent use by early Middle Pleistocene hominins of a North African cave site 400 000 years before that by Homo sapiens at Jebel Irhoud (Morocco).

Read the article : www.nature.com/articles/s41598-020-61580-4

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Des ossements d’antilopes et de zèbre portant des marques de boucherie, associés à de nombreux autres restes de mammifères, à un reste humain et à des outils en pierre (bifaces, hachereaux et éclats en quartzite et en silex), ont été mis au jour dans un site acheuléen daté de 700 000 ans situé à Casablanca (Maroc) par une équipe franco-marocaine (1) réunissant des chercheurs de  l’INSAP, du CNRS, du  MNHN de Paris, du Max Planck Institute et des Universités de Bordeaux et Paul Valéry Montpellier 3. Ouverte dans la carrière Oulad Hamida 1, anciennement Thomas III, la Grotte des Rhinocéros a en effet livré les plus anciens vestiges fossiles d’animaux consommés en grotte par des hommes sur le continent africain. L’étude, qui vient de paraître dans la revue Scientific Reports (2), apporte les premiers éléments d’information sur les comportements de subsistance de ces hominines d’Afrique du Nord au début du Pléistocène moyen.

Si les plus anciens témoins de consommation de viande (3 – 2 Ma) ont été le plus souvent découverts dans des sites de plein-air, sur des carcasses charognées traitées et consommées in situ, ce n’est qu’avec l’émergence de l’Acheuléen (autour de 1,8 Ma) que vont peu à peu se mettre en place des comportements plus maîtrisés, qui attestent de la prédation, de la découpe et du transport de viande dans des lieux d’occupation fréquentés plus régulièrement et sur de plus longues durées, comme ici dans des grottes.

Dans les niveaux acheuléens de la grotte des Rhinocéros, 37 ossements témoignent d’activités de boucherie. Des stries, des impacts de percussion et des traces de dents humaines sont présents sur plusieurs os longs d’herbivores, et mettent en évidence le dépouillement, la désarticulation, le décharnement, la consommation de la viande et la récupération de la moelle. Bien que la majorité de l’assemblage fossile ait été accumulée par les nombreux carnivores présents (hyènes, panthères, chacals), l’emplacement de ces marques sur le squelette met en évidence des accès primaires par les hommes à certaines carcasses, par prédation ou charognage, avec le transport de morceaux jusqu’au site. Au début du Pléistocène moyen en Afrique, la compétition avec les autres prédateurs et charognards reste en effet forte, à la fois pour les ressources et pour les habitats. Dans le site sub-contemporain voisin de la Grotte à Hominidés, de nombreux restes d’hominines ont été découverts en contexte de repaire de carnivores, dont un fragment de fémur présentant des traces de consommation par un grand carnivore, très probablement une hyène.

(1) Le programme de recherche franco-marocain Préhistoire de Casablanca est développé et soutenu conjointement par l’Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP) du Ministère de la Culture, de la Jeunesse et des Sports du Royaume du Maroc / Département de la Culture, par le Ministère des Affaires Étrangères et du Développement International et par l’Université Paul Valéry de Montpellier. Ce programme est également financé par le Department of Human Evolution du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology de Leipzig (Allemagne) et par le LabEx Archimede (ANR-11-LABX-0032-01). Le programme a bénéficié du soutien de la Région Aquitaine et d’apports du Collège de France, du Muséum d’Histoire naturelle de Paris et de l’Université de Bordeaux.

(2) Camille Daujeard1*, Christophe Falguères1, Qingfeng Shao2, Denis Geraads3,4, Jean-Jacques Hublin4,5, David Lefèvre6, Mohssine El Graoui7, Mathieu Rué6,8, Rosalia Gallotti6,9, Vincent Delvigne9,10, Alain Queffelec9, Eslem Ben Arous1, Olivier Tombret1, Abderrahim Mohib7,11, Jean-Paul Raynal9,4 (2020). Earliest African evidence of carcass processing and consumption in cave at 700 ka, Casablanca, Morocco. Scientific Reports.

1 HNHP-UMR 7194, CNRS, MNHN, UPVD, Sorbonne Universités, Institut de Paléontologie Humaine, 1 rue René Panhard, 75013 Paris, France.

2 College of Geography Science, Nanjing Normal University, 1, Wenyuan Road, 210023 Nanjing, China

3 CR2P-UMR 7207, CNRS, MNHN, Sorbonne Universités, CP 38, 8 rue Buffon, 75231 Paris cedex 05, France

4 Department of Human Evolution, Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, Deutscher Platz 6, 04103 Leipzig, Germany

5 Collège de France, 11 place Marcelin Berthelot, 75005 Paris, France

6 Université Paul Valéry Montpellier 3, CNRS, UMR 5140 Archéologie des sociétés méditerranéennes, Campus Saint Charles, 34199 Montpellier, France

7 Institut National des Sciences de l’Archéologie et du Patrimoine (INSAP), Madinat al-Irfane, les Instituts - Hay Riyad, B.P. 6828, 10100 Rabat, Morocco

8 Paléotime SARL, 6173 avenue JS Achard-Picard, 38250 Villard-de-Lans, France

9 Université de Bordeaux, CNRS, UMR 5199 PACEA, Bâtiment B2, allée Geoffroy Saint-Hilaire, CS 50023, 33615 Pessac cedex, France

10 Service de Préhistoire, Université de Liège, place du XX août, 4000 Liège, Belgium

11 Direction provinciale de la Culture, Avenue Mohammed V, quartier administratif, Kénitra, Morocco.

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Photo 1 : Vues du site de la Grotte des Rhinocéros en cours de fouilles en 1991 et 2006 (Carrière Oulad Hamida 1, Casablanca) (© Jean-Paul Raynal).

Photo 1 : Vues du site de la Grotte des Rhinocéros en cours de fouilles en 1991 et 2006 (Carrière Oulad Hamida 1, Casablanca) (© Jean-Paul Raynal).

Photo 2 : Stries de boucherie sur un fragment de radio-ulna de zèbre (Equus mauritanicus). Plusieurs dizaines de courtes incisions parallèles sont visibles le long du bord latéral de la diaphyse. Plusieurs d’entre elles présentent une section en V et des micro-stries internes (© Camille Daujeard et Sylvain Pont).

Photo 2 : Stries de boucherie sur un fragment de radio-ulna de zèbre (Equus mauritanicus). Plusieurs dizaines de courtes incisions parallèles sont visibles le long du bord latéral de la diaphyse. Plusieurs d’entre elles présentent une section en V et des micro-stries internes (© Camille Daujeard et Sylvain Pont).

 

Photo 3 : Traces de dents humaines et marques de boucherie antérieures sur un fragment de côte d’Alcelaphini (Parmularius sp.) (©Camille Daujeard et Gildas Merceron).

Photo 3 : Traces de dents humaines et marques de boucherie antérieures sur un fragment de côte d’Alcelaphini (Parmularius sp.) (©Camille Daujeard et Gildas Merceron).

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