Antipolis. La ville romaine. Architecture et urbanisme (Ier s. av. n. è. - Vè s. de n. è.)

Sous la direction de Eric Delaval et Robert Thernot. Editions APDCA, Nice, 2019, 216 pages. ISBN : 2-904110-62-3

 

Etablissement indigène,  agglomération hellénistique puis ville romaine, Antibes peut s’enorgueillir d’un riche passé. Un Projet Collectif de Recherches sur  Antipolis, des origines au royaume des Francs,  mené entre 2011 et 2013, a abordé de manière détaillée ces différentes occupations, de près de 1000 ans, mais le présent ouvrage ne concerne que la période romaine.  Antibes était alors chef-lieu de cité et la première ville de Gaule et de la Province de Narbonnaise… pour qui venait  d’Italie.

Une importante quantité de données nouvelles, pour l’essentiel  dues à l’essor  de l’Archéologie préventive à la fin des années 1990, permettent aujourd’hui d’éclairer de manière significative  la ville romaine.

Toutefois, plusieurs domaines étaient déjà documentés, et parfois depuis longtemps. En témoignent  la célèbre stèle de l’enfant Septentrion, qui avait dansé dans le théâtre, connue dès le XVIe siècle et, de manière moins spectaculaire, les nombreux vestiges, découverts le plus souvent fortuitement,  et que l’inventaire égrène en fin d’ouvrage, rappelant  au passage que le sous-sol antibois a beaucoup souffert du développement de l’urbanisation dans les années 70.

L’objectif que s’est assigné le Projet Collectif de Recherches  a été de rassembler cette documentation ancienne et récente, éparse et inégale.

A cet égard, le retour aux sources écrites et au terrain, ainsi que  la découverte de documents nouveaux, ont permis de conforter, par une démarche rigoureuse que l’on pourra suivre ici, la présence des deux édifices de spectacle et celle d’un vaste monument conservé sous le château.  L’habitat privé s’est enrichi de la découverte d ‘une nouvelle maison, témoignage du cadre de vie des élites, de l’étude de plusieurs pavements et de celle de deux ensembles de peintures murales, de grande qualité, qui étaient conservés dans les réserves du musée. Avec  la grande opération préventive du Pré-des-Pêcheurs, en 2012, on en sait désormais davantage sur le port, ou du moins un secteur de celui-ci, depuis les travaux des années 70 qui n’avaient permis que de consigner quelques observations rapides et donc sujettes à caution.

Parallèlement, un important  travail a été mené sur le mobilier des  découvertes anciennes conservé au musée. L’étude de la céramique, dont la présentation dépasserait le cadre de cet ouvrage, a permis d’assoir quelques chronologies, ponctuellement précisées par des datations par archéomagnétisme et luminescence entreprises sur l’édifice  sous le château.

Les résultats de ces efforts conjugués apparaissent à la lecture de la synthèse. L’aspect des différents quartiers a été précisé ainsi que le cadre de vie des habitants. Les auteurs ont pu mettre en évidence les orientations de la (ou des ?) trame urbaine et tenter une approche des principales phases d’évolution d’Antipolis,  une ville romaine restée modeste mais empreinte encore d’un dynamisme certain à la fin de l’Antiquité.

L’exposé des nouvelles connaissances résultant de ce travail montre les multiples directions dans lesquelles  la réflexion peut  désormais s’engager. Cependant, beaucoup reste à faire. Le puzzle ne comporte que quelques pièces et cette publication doit être considérée comme un état des connaissances ouvert à de nouvelles fouilles à venir.