Fouilles archéologiques programmées de la villa de Saint-Bézard (Aspiran, Hérault) et de l’établissement rural de la Combe de Fignols (Péret, Hérault), juillet 2020

 

La fouille programmée/chantier-école de Saint-Bézard à Aspiran (Hérault) se déroulera du lundi 6 juillet au vendredi 31 juillet 2020.

Le Programme Collectif de Recherche pluridisciplinaire « Économie et eXploitation des milieux en NARbonnaise Centrale pendant le Haut-Empire » (2020-2023) a pour ambition de traiter de la question du développement économique de cette partie de la Prouincia au Ier et IIe s., à partir d’un territoire atelier correspondant à la zone d’Aspiran/Cabrières (Hérault) (fig. 1) et à travers les résultats d’opérations de fouille programmées concernant un district minier (étudié par une équipe dirigée par N. Houlès), un établissement rural et un complexe domanial, complétés par des opérations plus ponctuelles menées sur plusieurs sites. Cette enquête microrégionale réalisée au sein d’une région bien documentée par toute une série de fouilles programmées ou préventives et des enquêtes d’occupation du sol, entend répondre à des questionnements sur l’exploitation du milieu et sur l’interdépendance éventuelle entre les activités minières et agricoles ainsi que sur l’évolution du paysage. Le cadre de l’étude correspond à l’interfluve Boyne/Dourbie — deux affluents de la rive droite de l’Hérault — et couvre une superficie d’environ 36 km2 (8 km d’est en ouest sur 4,5 km du nord au sud).

Une équipe de 35 encadrants et stagiaires fouillera, en simultané, entre le lundi 6 et le vendredi 31 juillet 2020 la villa de Saint-Bézard et l’établissement rural de la Combe de Fignols situés dans la moyenne vallée de l’Hérault. Les deux opérations seront coordonnées par S. Mauné, Directeur de Recherche au CNRS, secondé par Ophélie Tiago Seoane (doctorante UMR5140 ASM), Oriane Bourgeon, Vincenzo Pellegrino et Séverine Corbeel (docteurs de l’Université de Montpellier) à Saint-Bézard et par Quentin Desbonnets (docteur de l’Université) et Jordan Latournerie (archéologue contractuel) à la Combe de Fignols. Les financements du PCR et des fouilles archéologiques qui s’étaleront jusqu’en 2022 sont assurés par le Ministère de la Culture (SRA Occitanie), le Département de l’Hérault, le LabEx Archimede Montpellier, la Région Occitanie, les communes d’Aspiran et de Cabrières, le Club Archéologique de Montagnac-Pézenas et l’Association Culturelle des Amis de Cabrières.

 

Fig. 1 : Localisation des sites étudiés dans la zone d’Aspiran/Cabrières (doc. S. Mauné CNRS del.).

 

Le vaccin anti tétanos est obligatoire, il est impératif d’avoir 18 ans révolu et de s’engager pour la totalité du chantier, soit 4 semaines. Ne sont prises en compte que les candidatures d’étudiants en Histoire, en Archéologie/Histoire de l’Art, Bio et Sciences de la Terre. Il est impératif d’être en excellente condition physique et de supporter la chaleur qui peut être très élevée (39/40°, début juillet 2019), une ou plusieurs expériences en archéologie d’époque romaine constituant un avantage certain.

L’équipe de fouille sera hébergée en dur à la Maison de l’Archéologie d’Aspiran (ancienne école). L’arrivée se fera obligatoirement le dimanche 5 juillet, à la gare de Montpellier Saint-Charles (centre-ville) d’où seront acheminés les stagiaires vers 18H30 ou bien directement sur place, en voiture, en fin d’après-midi, à Aspiran. Les départs auront lieu le vendredi 31 juillet, dans l’après-midi.

Du lundi au jeudi, les horaires de fouille sont les suivants : 7H-13H (fouille sur le terrain avec une pause de 20/30 minutes)—17H30/20H (Relevés, enregistrement, traitement des mobiliers et des prélèvements). Le vendredi : 7H-13H30. Hébergement et repas assurés le we. Les stagiaires, outre leur participation à la fouille, participent à l’entretien des locaux et à la préparation des repas.

 

Pour candidater :

  • Envoyer un mail à Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. avec une lettre de motivation et un CV complet.
  • Si la réponse mail est positive, suivre le processus de confirmation indiqué.

Le complexe de Saint-Bézard (fig. 2) se trouve sur la rive droite de la Dourbie, affluent de la rive droite de l’Hérault qui coule à plus d’1 km à l’est. Il associe un vaste atelier de potiers et une villa vinicole à plan en U fondés à la fin de l’époque augustéenne. Ce site a bénéficié de trois programmes de recherches, le premier mené entre 1971 et 1978 sous la dir. de P.-Y. Genty, le second entre 2005 et 2013 (S. Mauné, Ch. Carrato) et le dernier enfin en cours de réalisation (2019 à 2021/2022). À terme, le complexe, déjà dégagé et exploré sur 2 ha le sera sur une surface globale de 2,3/2,4 ha.

Fig. 2 : Plan général de la villa de Saint-Bézard à Aspiran, état décembre 2019 (doc. S. Mauné et Ch. Carrato CNRS del.).

Occupé jusqu’au Ve s., Saint-Bézard constitue l’archétype de la villa productiviste provinciale, avec son plan caractéristique en U, à cour centrale, ses importantes capacités de production et de stockage de vin (4500 hl) et son atelier de potiers adjacent. Outre une production de terres cuites architecturales, d’amphores et de céramiques, le site a également livré des témoignages matériels importants d’une fabrication de draps de laine en lien avec l’élevage des ovins. Le complexe a été fondée par un italien, originaire de Puteoli/Pouzolles (Campanie, Baie de Naples), Quintus Iulius Priscus et illustre le transfert d’outils de production artisanaux (production de dolium et d’amphores de types italique et hispanique, four à sigillée de Mode C) et de pratiques domaniales qui paraissent innovantes dans ce secteur de marge de la colonie romaine de Béziers, au tout début du Ier s.

Le nouveau et dernier programme de recherche a pour objectif de dégager et d’étudier la partie orientale de la villa (fig. 3), construite dans les années 10 ap. J.-C. et qui comprend l’aile centrale, destinée à la production de vin (fouloir et pressoirs), un grand chai à dolia de 50 m x 10 m ainsi qu’une vaste cour où des structures hydrauliques sont restituées (adductions d’eau, probable bassin, égouts).

Fig. 3 : Vue aérienne générale prise du nord de la villa de Saint-Bézard à Aspiran, état juillet 2019 (cliché V. Lauras/Globedrone del.).

L’établissement de la Combe de Fignols (Péret) est installé, à 305 m d’altitude, au cœur du Massif de Cabrières (zone de garrigue méditerranéenne), sur le penchant sud-oriental d’une colline, au point de départ d’un vallon (une combe) (fig. 4), à proximité immédiate d’un ensemble de mines de cuivre datée de l’époque romaine, dites « des Neuf Bouches ». On se trouve là à environ 6 km à l’ouest de Saint-Bézard, les deux sites étant relié par la draye de Saint-Gely d’Arques.

Fig. 4 : Vue prise de l’Est, depuis le secteur de l’église médiévale de Saint-Gély d’Arques, de la zone d’implantation de l’établissement de la Combe de Fignols à Péret (cliché S. Mauné, CNRS del., mars 2020).

Il couvre une surface globale d’un peu moins de 2000 m2 et appartient à la classe des établissements de rang moyen constituant l’ossature principale du peuplement des campagnes de cette région de la Gaule narbonnaise. Le site a bénéficié pendant les années 1970 d’une fouille programmée dirigée par Christian Olive qui a permis de mettre en évidence un bâtiment à plan en U de 55 x 30 m organisé autour d’une cour centrale doublée d’une galerie (fig. 5). La chronologie d’installation de cet ensemble est imprécise, entre les années 20 et 60 ap. J.-C. ; son abandon semble effectif à la fin du IIe s. Toute l’aile sud-ouest et une partie de l’aile centrale sont occupées par des installations d’abord considérées comme dévolues à l’oléiculture mais qu’il est plus vraisemblable d’attribuer à la production de vin, compte tenu de l’évolution des connaissances. L’examen récent de quelques fragments de dolia trouvés dans l’emprise de la fouille des années 1970 montre que les conteneurs installés dans le chai d’une capacité de 300 hl proviennent tout ou partie de l’atelier de Saint-Bézard ce qui n’étonne guère puisque des fragments de sigillée de même provenance avaient déjà été signalés sur place.  Seuls 50% de la surface bâtie a été fouillée et la partie dévolue à l’habitat n’est pas connu si l’on excepte les vestiges d’une cuisine et d’un four, isolé dans l’angle oriental de la cour. L’objectif de la fouille qui débutera en 2020 et se prolongera jusqu’en 2023 est de dégager et d’étudier de façon exhaustive la partie non explorée de l’établissement mais également de mieux appréhender son proche environnement, marqué par la présence d’une exploitation minière peu ou prou contemporaine. L’ambition de cette nouvelle fouille est également d’acquérir des séquences paléoenvironnementales stratifiées afin de préciser la dynamique de développement du site et son impact sur le paysage.

Fig. 5 : Plan général de l’établissement de la Combe de Fignols à Péret d’après les fouilles programmées de Ch. Olive (état milieu des années 1980, d’après Olive 1989).

Pour en savoir plus :

- Mauné S., Carrato Ch. Dir. (2012) : Le complexe domanial et artisanal de Saint-Bézard à Aspiran (Hérault). Dossier scientifique collectif, Revue Archéologique de Narbonnaise 45, 2012, 163 p.

- Olive Ch. (1989) : Une installation de pressurage en Lodévois à Péret et son abandon dans la deuxième moitié du IIe s. ap. J.-C. », Doc. D’Arch. Méridionale, 12, 1989, p. 223-244.