Coordonné par E. Gailledrat (DR2, CNRS) et R. Plana (PR, UPVM)

Cet axe de recherche se nourrit de la forte implication de l’équipe SPP dans l’archéologie régionale et, plus généralement, dans celle du Midi de la France, région intrinsèquement concernée par les phénomènes de contact et d’interactions particulièrement intenses qui caractérisent l’espace méditerranéen. Il se nourrit également de l’ouverture de l’équipe vers d’autres régions, de l’Italie à l’Espagne et jusqu’au Maghreb, autour de thèmes mettant en jeu les notions de circulation des biens, des personnes ou des idées, ainsi que celles d’influences, d’emprunt et d’acculturation.


La diversité des thèmes et des aires chrono-culturelles abordés rend compte de l’ampleur de l’intervalle chronologique pris en compte qui couvre plusieurs millénaires, du Néolithique à la fin du second âge du Fer, avec comme fil conducteur le mise en perspective des régions languedociennes au sein d’ensembles culturels, de techno-complexes et de réseaux plus étendus.
L’étude des statues-menhirs et de l’art anthropomorphe du Néolithique final du Midi de la France se place ainsi dans une perspective large, visant à souligner les phénomènes de convergence à l’échelle de la Méditerranée occidentale, depuis la Sardaigne jusqu’au Languedoc en passant par l’arc ouest-alpin.
Le phénomène campaniforme est lui aussi envisagé à l’échelle de la Méditerranée occidentale, du Midi de la France aux régions bordières du Détroit de Gibraltar. Les relations Nord-Sud sont perçues au travers de divers marqueurs du registre mobilier qui témoignent d’échanges intenses, incluant alors le domaine insulaire et la rive sud de la Méditerranée. La circulation de biens de prestige témoigne de l’existence de réseaux complexes, vecteurs de l’émergence d’une culture originale.
Ces mêmes régions tyrrhéniennes sont au cœur de travaux diachronique portant sur les relations culturelles trans-maritimes en Méditerranée occidentale (Corse, Sardaigne, Baléares, Italie continentale), tant par l’étude des mobiliers que des formes de l’habitat. Sont envisagées de manière plus large les relations entre les deux bassins de la Méditerranée au Bronze moyen et final, via l’étude et la contextualisation des produits finis ainsi que des savoir-faire d’origine orientale, en Corse et Sardaigne, entre 1500 et 1000 av. J.-C.
L’âge du Bronze est plus généralement l’objet de travaux liés aux échanges culturels et matériels qui se développent alors entre, d’un côté le Midi de la France, de l’autre les péninsules italienne et ibérique. L’importance des itinéraires terrestres et maritimes comme vecteurs d’échanges et d’innovations est ici soulignée, mettant en exergue l’importance du Languedoc au sein de phénomènes de plus grande ampleur impliquant la Méditerranée.
Les recherches sur l’âge du Fer s’inscrivent quant à elles dans la lignée des études menées de longue date au sein d’ASM sur les interactions entres mondes indigènes et coloniaux, appuyées sur plusieurs programmes de terrain et de publication dont le site de Lattes constitue l’un des points les plus emblématiques. Ces programmes concernent des sites d’interface avec la Méditerranée ou, plus généralement, le monde colonial, étagés depuis la Catalogne jusqu’aux régions rhodaniennes : Ullastret, Pech Maho, Peyriac-de-Mer, La Monédière, Lattes, Le Cailar ou encore Espeyran. La question des comptoirs lagunaires de l’âge du Fer est ici centrale, car en marge des aspects économiques liés à l’intégration du monde indigène dans un système qui est celui de l’emporia gréco-étrusque, ces gisements sont avant tout des lieux de rencontre et d’échange, où les situations de mixité se déclinent non seulement en termes culturels mais encore en termes ethniques. L’étude croisée des faciès mobiliers, des pratiques culinaires ou de commensalité, celle des emplois de l’écriture ou encore de l’évolution des formes d’habitat constituent ainsi un champ d’investigation privilégié.